(Agence Science-Presse)
- La disparition des loups de l’Amérique du Nord au siècle dernier a eu un impact énorme sur tous les écosystèmes. Du moins, à en juger par l'impact de la réintroduction des loups gris dans plusieurs parcs nationaux américains, dont celui de Yellowstone. Deux études récentes, effectuées par des chercheurs en sciences forestières de l’Université d’État de l’Oregon et publiées dans le Journal des sciences biologiques et de la gestion écologique de la forêt, soulignent en effet que la quasi-extinction du loup gris en Amérique du Nord semble avoir éliminé le facteur naturel de "peur" au sein des écosystèmes. Ce bouleversement aurait engendré un effet en cascade sur les troupeaux de cerfs, les castors, les poissons, les oiseaux... et même les cours d'eau! Les chercheurs nomment cette co-dépendance des différentes espèces avec les grands prédateurs tels les loups : "écologie de la peur". L'écologie de la peur met en évidence un élément longtemps sous-estimé par les biologistes : au-delà de l’impact direct des prédateurs, il existe aussi un impact indirect: les autres espèces modifient leurs habitudes dans les zones où il y a un risque de prédation, par exemple près des points d’eau. Ils n’y restent donc que peu de temps, par "peur" des prédateurs. Or, débarrassés de l’effet de cette menace, les cerfs demeurent plus longtemps en ces lieux... et finissent par dévorer toutes les plantes! Les rives des points d’eau deviennent rapidement désertes et il y a alors érosion rapide des berges. Les castors ne trouvent plus d’arbres pour faire leurs barrages; les insectes, amphibiens et poissons ne peuvent plus y vivre faute de la nourriture fournie par les plantes aquatiques; et les oiseaux marins souffrent du manque de poissons. Tous ces changements avaient été recensés au parc Yellowstone durant les années 1920, après la disparition des derniers loups. Et voilà que le processus s'est inversé depuis la réintroduction des loups dans ce parc.
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