Inspirant crainte et respect, le loup incarne le bien et le mal selon les pays, les époques, les croyances...
La peur du loup
C'est le christianisme qui a associé le loup au diable, bras vengeur de Dieu punissant les populations locales pour leur manque de foi. Autrefois, les civilisations de chasseurs s'identifiaient au loup en s'inspirant de sa structure sociale et de ses techniques de chasse.
Croyances
Kaïla, dieu du ciel chez les esquimaux, leur offrit le caribou pour gibier. Puis, il leur envoya l'esprit du loup (Amarok) pour régulariser sa carence. Turcs et Mongols lui donnent un caractère céleste en vénérant le loup bleu, ancêtre de Gengis Khan. Chez les Iroquois, il fait figure de passeur d'âmes.
Le loup est associé à l'image de fertilité en dévoilant la véritable nature de la femme chez les Grecs et les Romains. Les femmes stériles l'invoquent pour procréer (en Anatolie), et il stimule la virilité (chez les Lakoutes).
Le loup représente la lumière en Chine et en Egypte; chevauché par Hurrokkin dans la mythologie germanique, il est aussi attelé au char solaire de Zeus. Mais, en France, le loup avale la caille, symbole du soleil.
Du loup, on retient aussi la gueule. En France, être avalé par le loup n'est pas forcément une horreur: en ressortir, c'est avoir subi une initiation vers la lumière.
Nommer le loup le faisait apparaître, alors on le baptisait "Jean" (Languedoc), "Guillaume" (Bretagne), "Gabriel" (Forez), "Pied déchaussé" (Provence), ou "Patte grise" (Nord).
La bête du Guevaudan (1764-1767)
Entre 1764 et 1767, une énorme bête a terrorisée le Guevaudan (actuelle Lozère) en commettant une centaine de meurtres-surtout des femmes et des enfants- qu'elle dévorait et décapitait même parfois. Le 19 juin 1767, un loup fut tué et on lui imputa ces meurtres sanglants, mais les loups ne décapitent jamais leurs proies et ne peuvent donc, semble-t-il, être mis en cause.
Rites et coutumes
"Avoir vu le loup" était signe de maturité chez l'homme, et de sexualité chez la femme, dont la virginité était alors mise en doute. Vu par le loup l'homme perdait son humanité (sa voix), et inversement, le loup sa bestialité (son haleine). Le masque de velours noir du carnaval correspondait à l'un de ces jeux de rencontre où il était essentiel de voir avant d'être vu. En Europe, on exorcisait le danger en jouant de la vielle,du violon ou de la cornemuse. Comme on croyait le loup et l'agneau ennemis, on utilisait la peau de l'agneau pour la cornemuse et ses boyaux pour les cordes du violon et de la vielle pour repousser le loup.
Pharmacopée
Le loup faisait aussi office de remède: son oeil droit salé et lié au bras soignait la fièvre; un breuvage, fait de son membre génital et du poil de ses yeux, bu à son insu par la femme préservait du cocuage; ses excréments guérissaient les meaux d'yeux, ou, mêlés à du miel, soignaient les yeux pleurants; ses canines soignaient les dents chez les enfants; son coeur soignait l'épilepsie ou donnait du courage; ses intestins desséchés étaient utilisés contre la colique venteuse; son foie pulvérisé contre l'hydropisie et la phtisie; sa chair bouillie dans l'huile soulageait la goutte; jarretière taillée dans son cuir faisait courir plus vite; sa tête pendue aux portes des maisons, servait a résister à tous charmes et empoisonnements; sa peau préservait des poux, punaises et autres vermines (ces insectes fuyaient le loup!); la poudre de sa tête guérissait les maux de dents...
Enfant loup (enfant allaité par une louve)
Des cas ont été recencés en Inde. On raconte aussi que les Esquimaux confiaient parfois leurs bébés à des louves...
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